7 h 36, le livre

Vous avez peut-être suivi ma série de photos « 7 h 36 » publiée sur Facebook. Je vous en ai déjà touché un mot ici et ici.

Je vous propose cette fois le livre 7 h 36. Un petit ouvrage (80 pages) qui reprend une bonne partie des photos de la série, mais qui présente aussi quelques réflexions sur mon rapport à la photographie et aux photographes. Je rappelle que je ne suis en l’occurrence pas photographe, et je m’en explique dans ce livre.

Pour la première fois, j’ai fait le choix de l’auto-édition car il me semblait vain d’espérer trouver un éditeur pour un ouvrage de cette nature. J’ai peut-être tort, mais peu importe. Mon intention n’est ni de gagner de l’argent (le livre est vendu à prix coûtant), ni de courir les salons littéraires. J’aimerais simplement pouvoir, avec ce livre en format poche, partager librement quelques photos et quelques mots.

Vous pouvez commander 7 h 36 en cliquant ici.

La photo de 7 h 36 (Saison 2)

Si vous avez suivi la Saison 1 du 7 h 36, vous êtes peut-être encore devant votre écran pour la Saison 2. Pour les autres, je précise que, depuis quelque temps, je publie presque chaque jour à 7 h 36 une photo sur Facebook. Mon petit plaisir, parfois le vôtre aussi. Vous comprendrez tout en cliquant ici . Certaines de ces photos sont également publiées sur ma page Instagram.

J’ai lancé cette Saison 2 début janvier et elle est entièrement en noir et blanc. Je me suis imposé une thématique : les fenêtres plus ou moins éclairées, peu avant le lever du jour.

J’ai commencé à aimer la photo en noir et blanc il y a bien longtemps en côtoyant des photographes professionnels qui la pratiquaient au quotidien. Il y a quelques années, j’ai publié sur ce site un article pour expliquer ce que les photographes m’ont appris.

Donc, noir et blanc. Certains « fans » de ma page Facebook m’ont dit qu’ils y voyaient une ambiance de polar. On peut ressentir le noir et blanc de bien des façons : la nostalgie, la tristesse, la sévérité, l’éternité… En fait, je crois que j’essaie, plus ou moins consciemment, de figer le temps et l’instant.

Toutes ces photos sont prises avec mon smartphone (un Iphone SE si vous voulez tout savoir, mais ce n’est pas essentiel). Après avoir longtemps tergiversé, j’ai renoncé à utiliser des appareils photos conventionnels. Mon « reflex » et mon appareil compact sont au placard. Je ne nie évidemment pas les qualités techniques de ce type de matériel, mais j’ai choisi la légèreté et la rapidité. Un smartphone tient dans la poche, il permet de photographier très vite et de publier immédiatement. Ce dernier point est pour moi primordial. Je ne pourrais pas publier à 7 h 36 (ni même à 7 h 37 ou 7 h 40) la photo de 7 h 36 avec un appareil classique. Or, publier et partager rapidement m’amuse, mais je comprends fort bien que l’on puisse ne pas apprécier cet exercice né avec le développement du numérique et des réseaux sociaux.

A l’heure où j’écris ces lignes, je ne sais pas encore si je publierai encore beaucoup de photos à 7 h 36. Je ne vais pas non plus inventer un nouvel horaire. Je vais peut-être essayer d’explorer d’autres chemins, sans perdre de vue que si je prends des photos je ne suis pas photographe pour autant.

7 h 36 (Saison 1)

En novembre et décembre 2023, j’ai publié trois à quatre photos par semaine sur Facebook. Toutes ces photos étaient intitulées 7 h 36. « Pourquoi 7 h 36 ? » m’a demandé un ami. Tout simplement parce qu’elles étaient toutes prises vers cette heure là, sur le chemin qui mène au collège de ma fille, et parce que, à quelques minutes près, je me suis efforcé de les poster à cette heure là également. J’ai pensé aussi que 7 h 36 était plus évocateur qu’un trop sévère 7 h 45.

C’était la photo de 7 h 36, comme il peut y avoir le train de 7 h 36. Après tout, si le train part à 7 h36, vous ne demandez pas pourquoi il ne part pas à 7 h 40 ! Un rendez-vous matinal aussi ponctuel que possible donc, malgré quelques aléas, quelques pannes aussi, comme à la SNCF.

Des photos sans prétention. Juste mon regard en passant par les rues du Vieux Lille. Je vous en livre ici quelques unes. Je me suis bien amusé avec ces publications, en particulier parce que je me suis rendu compte que certain(e)s d’entre vous les attendaient.

Depuis le 8 janvier 2024, j’ai commencé à poster la Saison 2 du rendez-vous de 7 h 36. Des photos en noir et blanc cette fois et avec une thématique plus précise (des fenêtres éclairées, alors que, les matins d’hiver, le jour n’est pas encore levé).

Voilà. Ce n’est pas un événement. Juste une photo de temps en temps.

Cent ans d’ESJ Li…tude

Célèbre dans toute la profession : le baby-foot historique de l’ESJ Lille. Récemment l’école en a acquis un nouveau, mais celui-ci est toujours en place (photo © Marc Capelle, 2012)

1924-2024. L’Ecole supérieure de journalisme de Lille fêtera ses cent ans cette année. Un livre accompagnera cet anniversaire qui sera officiellement célébré les 8 et 9 novembre 2024.

J’étais l’un de ses étudiants lorsque l’école était encore logée au 67, boulevard Vauban, dans un hôtel particulier sombre et fatigué, face aux facultés catholiques de Lille dont elle était issue. A partir de 1981, l’école a emménagé dans ses locaux actuels, qu’elle a partagé pendant quelques années avec Sciences Po Lille.

Pour avoir notamment dirigé l’école et en avoir longtemps piloté les activités internationales, je connais bien cette grande maison. J’ai vécu dans ses murs de grandes joies et de fortes rencontres, de beaux combats, quelques échecs aussi.

Il ne m’appartient pas d’évoquer l’ESJ Lille de 2024, son fonctionnement, ses réalisations et ses projets. Ses dirigeants, ses équipes, le feront en temps voulu au cours de cette année exceptionnelle. Je fais plutôt valoir ici mon ancienneté (ou mon privilège de boomer, si vous préférez) pour vous livrer ces quelques lignes. Je vais vous épargner mille anecdotes plus ou moins croustillantes et simplement souligner trois points qui, je crois, illustrent l’évolution de l’école, avant de poser une question.

1. Fin du match Lille/Paris. Longtemps, l’ESJ Lille s’est nourrie d’une forme de compétition avec le Centre de Formation et de Perfectionnement de Paris (CFPJ). La lutte était parfois féroce entre la Parisienne et l’ « école de province », même si elle pouvait relever d’une classique émulation entre deux grandes écoles. L’une, jurait-on, était la mieux placée pour permettre d’entrer dans les rédactions nationales, alors que l’autre avait l’oreille de la presse quotidienne régionale. Concurrence internationale aussi : les deux écoles exportaient leur savoir-faire dans le monde entier et s’efforçaient chaque année de « conquérir » de nouveaux territoires.

Cette époque est révolue. L’irruption de nouveaux lieux de formation au journalisme, et en particulier la montée en puissance de certaines écoles publiques, a rebattu les cartes. L’ESJ Lille ne se compare plus uniquement à sa cadette parisienne (le CFJ est né en 1946), mais à treize établissements dont la qualité est reconnue par la profession. De fait, la centenaire parvient bon an, mal an, à se maintenir en tête, ou dans le trio de tête, du classement des écoles de journalisme qui n’existait pas autrefois.

2. L’alternance, gage de diversité sociale. Comme d’autres grandes écoles, l’ESJ Lille a longtemps été accusée d’être élitiste. Il a fallu attendre le début des années 2000 pour qu’elle s’efforce d’élargir son recrutement en vue d’accueillir des promotions plus représentatives de la diversité de la société française. Un premier pas a été franchi avec la création, à Montpellier, d’une antenne de l’ESJ Lille consacrée à la formation en alternance. Cette antenne, devenue ESJ Pro, a, depuis, pris son indépendance et l’ESJ Lille a, de son côté, développé ses propres filières en alternance. La création d’une « classe prépa égalité des chances » aura été une autre décision prise en faveur du renforcement de la diversité sociale des journalistes.

Cette prise de conscience relativement tardive de la nécessité d’élargir le recrutement peut s’expliquer par le retard des rédactions elles-mêmes en la matière. Rappelons que l’alternance ne fonctionne que si, à côté des lieux de formation, des employeurs s’engagent. Or, contrairement à d’autres secteurs de l’économie, les médias ont mis du temps à admettre que l’alternance n’était pas une formation au rabais.

Avec les dispositifs qu’elle a mis en place, l’ESJ accueille désormais davantage d’étudiants qui, jusque là, pensaient que les études en journalisme leur étaient inaccessibles, tant pour des raisons économiques que sociales et culturelles.

3. Une école au service de son territoire. On a pu reprocher à l’ESJ de vivre dans sa bulle. Fière de son succès, forte de son utilité reconnue par la profession, « l’école de Lille », comme on l’appelle parfois, a pu oublier qu’elle était… de Lille. Si elle est née au cœur de la capitale des Flandres, ses étudiants viennent de la France entière mais aussi de l’étranger, et ses diplômés travaillent dans toutes les rédactions. Une école de dimension nationale et internationale donc. Il n’en reste pas moins que, grâce à son implantation lilloise, l’ESJ a beaucoup reçu. C’est, par exemple, à Pierre Mauroy, qu’elle doit d’être installée dans ses locaux actuels, en plein centre ville. Le maire de Lille ne manquait jamais de souligner la notoriété de l’ESJ et souhaitait contribuer à sa mise en valeur. Ce qui était bon pour l’ESJ était bon pour Lille.

Par la suite, l’ESJ a eu besoin de faire appel à de nombreux partenaires pour accompagner son développement, et pour l’aider à passer des caps économiquement difficiles. Elle doit notamment beaucoup à l’engagement du groupe Centre France. Mais c’est aussi à partir de cette période que des collectivités territoriales, en particulier la Région Hauts-de-France, ont rappelé à l’ESJ qu’elle était une école du Nord et qu’en échange d’un accompagnement financier, on attendait d’elle qu’elle s’implique davantage dans la vie de la région. L’ESJ a pris conscience qu’elle n’était plus seulement une école de journalisme. A cent ans, riche de l’expérience qui est la sienne, elle est désormais une institution et en assume les responsabilités. Sans oublier son coeur de métier, elle avance sur de nouveaux terrains (l’éducation aux médias, par exemple) et vers de nouveaux publics.

Et enfin, la question ! Une question à la sauce aigre-douce : l’ESJ sera t-elle encore là en 2124 ? Ce n’est pas la solidité de l’école qui devrait nous inquiéter mais celle du journalisme. Parce qu’elle les informe chaque jour, cette profession revendique de former des citoyens éclairés. Mais quelle sera, demain, la place que nous accorderons à l’actualité ? Et à quelle actualité ? Dans cent ans, vivrons-nous encore en démocratie, avec des médias indépendants au sens où nous l’entendons aujourd’hui ? Déjà, dans notre monde en pleine mutation, bien des signaux doivent nous alerter. On observe la prolifération des fake news, les errements des réseaux sociaux, les bouleversements provoqués par l’IA, le développement de la sphère complotiste, la spectacularisation de l’information, la montée en puissance des influenceurs… Certains disent même que ces derniers commencent à remplacer les journalistes. Alors, dans cent ans… Sans doute nous restera t-il au moins la littérature.

« Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendía devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l’emmena faire connaissance avec la glace. » (Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude)

Marc Capelle

Making-of d’un conte de Noël

Comme annoncé « sur les réseaux », je vais vous raconter comment et pourquoi j’ai fabriqué Le voyage de Sumska, mon conte de Noël publié le 1er décembre sur Instagram. Pour faire sérieux, appelons cela un making-of.

Régulièrement des amis me suggèrent de « faire quelque chose » avec les photos que je publie presque chaque jour sur Facebook, sur Bluesky, sur Instagram. « Faire quelque chose », peut-être, mais quoi ? Pas une exposition, encore moins un livre. Je pense être assez lucide sur la qualité de ma production. Si certaines de mes photos sont sans doute intéressantes (ou belles, voire épatantes), l’ensemble ne se distingue guère de ce tout le monde publie du matin au soir sur les fameux réseaux. Car, c’est un fait : tout le monde prend et montre des photos, mais tout le monde n’est pas artiste, ou photo-journaliste.

Cependant, comme je ne voulais pas rester totalement sourd à l’amicale pression des uns et des autres, j’ai essayé d’utiliser mes photos un peu différemment. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un roman-photo sur Instagram. Un micro-roman plus exactement dans la mesure où le format Instagram ne permet pas de publier de longs textes. Si vous lisez ces lignes mais ne connaissez pas Insta (on dit Insta entre initiés – rires), sachez que c’est un réseau social dédié au partage de photos et de videos (l’inscription est gratuite). Je suis présent sur Instagram depuis quelques années et, après avoir observé ce que certains publiaient ces derniers temps, je me suis dit qu’il pouvait être amusant de poster des photos qui auraient pour fonction d’illustrer ou d’accompagner une histoire. Un micro-roman donc.

Je me suis lancé dans une première expérience en octobre dernier avec la publication du Départ d’Alexandre Vial, et mon deuxième essai est donc ce micro-conte de Noël, Le voyage de Sumska.

Dans les deux cas, je me suis tenu à un format précis : un texte découpé en seize vignettes, toutes accompagnées d’une photo. Je suis bien sûr l’auteur des photos, mais toutes proviennent de mes archives. Autrement dit, aucune de ces photos n’a été prise spécialement pour illustrer mon histoire. Il y a bien longtemps, alors que j’étais étudiant en journalisme, nous avions travaillé pendant quelques jours sous la houlette de Paul Almasy, un homme délicieux et un grand photographe. Après avoir distribué des photos à chacun d’entre nous, il nous avait demandé de les agencer afin de leur faire raconter une histoire. C’est en pensant à cet excellent exercice que j’ai essayé de faire parler mes photos autour du périple de la petite Sumska. A vrai dire, j’ai aussi adapté mon récit à la photo qui m’était imposée.

« Oui, mais où ont été prises ces photos ? », me direz-vous. Si vous avez lu mon petit conte, vous aurez remarqué qu’aucun lieu n’est cité précisément. Libre à chacun d’imaginer Sumska, le vieux Mesker, les lutins, où il le souhaite.. Mais je veux bien révéler ici que les photos ont été prises, certaines récemment, d’autres il y a très longtemps, à Sarajevo, à Londres, à Lille, dans le Dauphiné et en Bucovine.

Quant à l’histoire proprement dite, même s’il devait s’agir d’un petit conte de Noël, je n’avais pas l’intention de verser dans les sucreries de fin d’année. Pour autant, je ne savais pas vraiment ce que j’allais faire. Je me suis laissé guider par les photos que j’avais à ma disposition. Chacun pourra aussi observer que le monde dans lequel nous essayons de vivre m’aura sans aucun doute inspiré.

Je partage ici quelques copies d’écran du Voyage de Sumska tel que publié sur Instagram, mais le mieux serait, à l’évidence, que nous alliez faire un tour sur place. A bientôt j’espère!